Controverse à propos de la Hebrew Free School - Institut Baron de Hirsch

1892 - 1894
Station de metro Champs-de-Mars

English translation coming soon.

De 1892 et 1894, la communauté juive de Montréal fut engagée dans un conflit entre les écoles juives Shearith Israel et Baron de Hirsch. La controverse entourant la Baron de Hirsch Hebrew Free School portait sur l’allocation des taxes scolaires prélevées sur les propriétés juives. À l’époque, le système d’éducation du Québec relevait de l’appartenance religieuse. Comme il existait deux commissions scolaires officielles, l’une catholique et l’autre protestante, les Juifs ne bénéficiaient d’aucun droit reconnu sur le plan solaire. Ils avaient droit d’utiliser les taxes scolaires prélevées sur leurs propriétés, mais n’y touchaient que grâce à la supervision de l’une des deux commissions scolaires.

À la suite d’un don du Baron de Hirsch Institute, la Baron de Hirsch Free School fut créée en 1890. Sa mission était d’offrir une éducation publique et gratuite aux plus pauvres et aux nouveaux arrivants. L’école Shearith Israel était quant à elle associée à la communauté espagnole et portugaise de Montréal, une communauté aisée que dirigeait le Révérend Meldola de Sola, qui la finançait grâce à une entente avec la Commission scolaire catholique romaine. Ce système permettait à l’école Shearith Israel de récupérer 80 p. cent des taxes scolaires payées par les contribuables juifs. En vertu de cette entente, l’école Baron de Hirsch devait amasser elle-même des fonds de la poche de parents trop démunis pour la soutenir avec les taxes prélevées sur leur propriété.

Des négociations publiques tumultueuses s’ensuivirent entre les deux écoles et leurs représentants. Les Juifs aisés de l’Uptown défendirent Shearith Israel, tandis que la communauté immigrante du Downtown se rangea du côté de la Hebrew Free School. Cette situation mit à jour l’attitude embarrassante des Juifs de l’Uptown à l’endroit des nouveaux arrivants d’Europe de l’Est. Sous les pressions du gouvernement du Québec, Shearith Israel céda en 1894, de sorte que les taxes scolaires furent attribuées à la Commission scolaire protestante qui les redistribua elle-même de façon équitable. Compte tenu de la richesse de la communauté espagnole et portugaise, la Commission voulait intégrer les écoles juives dans son système afin de profiter d’une hausse de revenus. Toutefois, l’arrivée massive d’immigrants juifs durant les années suivantes causa certains problèmes, au point où une nouvelle controverse relative aux écoles juives émergea durant les années 1920.

Cette mésentente entre les deux écoles fut un événement très discuté dans les médias de l’époque qui eut d’importantes répercussions dans l’histoire de la communauté juive de Montréal. D’abord, la controverse nourrit un ressentiment croissant envers les Juifs durant les décennies suivantes. De plus, l’intégration des Juifs montréalais au système protestant allait créer éventuellement des désaccords entre les Juifs et les protestants, mais aussi entre les Juifs et certains nationalistes québécois. À cette période, la confrontation entre Shearith Israel et la Baron de Hirsch Free School révélait un malaise plus profond au sein de la communauté juive, qui était le fruit d’un conflit social entre les classes aisées et les classes ouvrières juives. Ce conflit dura jusqu’à la deuxième moitié du XXe siècle.

Par Valérie Beauchemin

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Sources

August, David. The Genesis Period of the Jewish People’s School in Montreal, M. A. Thesis, Concordia University, 1975.

Rosenberg, Michael. M. Ethnicity, Community, and the State: the Organizational Structures, Practices and Strategies of the Montreal Jewish Community’s Day Schools System and its Relations with the Quebec State, Ph. D. dissertation, Carleton University, 1995.

Rome, David. The Education Legend of the Migration. Montréal, National Archives, Canadian Jewish Congress, 1991.

Tulchinsky, Gerald. Canada’s Jews: A People’s Journey. Toronto, University of Toronto Press, 2008.

Tulchinsky, Gerald. Taking Root: The Origins of the Canadian Jewish Community. Hanover, Brandeis University Press, 1993.

*Les images sont une gracieuseté des Archives de la Bibliothèque publique juive de Montréal et des Archives nationales du Congrès juif canadien, Comité des charités.

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