Maimie Pinzer - Résidence

1913 - 1915
58 Sherbrooke O., Apt. 6, Montréal

May « Maimie » Pinzer (1885-1940?) était une prostituée américaine et une travailleuse sociale qui a vécu à Montréal de 1913 à 1918. « Maimie », qui a probablement écrit sous un pseudonyme, a été immortalisée dans les lettres qu’elle a adressées, entre 1910 et 1922, à Fanny Quincy Howe, un auteur de Boston et une figure reconnue. D’abord publié en 1977, l’ouvrage The Maimie Papers offrait un rare compte rendu des déboires d’une femme de la classe ouvrière dans le commerce du sexe au début du vingtième siècle. Née dans une famille cultivée de Philadelphie, Maimie fut obligée de quitter l’école à l’âge de treize ans, à la suite du meurtre de son père. En parallèle à son premier travail en tant que vendeuse, Maimie s’est tournée vers le commerce du sexe afin de subvenir à ses propres besoins. Son adolescence se déroula principalement dans une maison de réforme, en prison et dans plusieurs hôpitaux (où elle se rétablit à la suite d’une trentaine d’opérations chirurgicales, et après avoir perdu son œil gauche). Malgré sa scolarité interrompue, Maimie était une écrivaine talentueuse ; d’après certaines informations, elle parlait cinq langues. Pendant les années 1910, Maimie a surmonté sa dépendance à la morphine ; elle a quitté la prostitution et elle est devenue à la fois sténographe et jeune femme d’affaires.

Lors de son arrivée à Montréal, en 1913, Pinzer a fait face à d’importants obstacles pour les femmes qui aspiraient à se lancer en affaires. Soulignant que la ville était alors « l’endroit où le coût de la vie est le plus dispendieux en Amérique du Nord » en raison de l’augmentation du prix des terrains, elle a écrit que « le monde des affaires de Montréal en entier conspire contre les femmes qui souhaitent développer une entreprise sérieuse », Maimie a toutefois lancé le « Business Aid Bureau of Montreal », qui connut un bref succès. En raison de la participation du Canada à l’effort de guerre durant le Première Conflit mondial et des bouleversements économiques de cette période, elle réorienta sa carrière et ouvrit une maison pour jeunes filles en détresse, la « Montreal Mission for Friendless Girls ». Active de 1915 à 1917, l’organisation (nommée ainsi par ses bienfaiteurs, bien que Pinzer détestait ce vocable) marqua les débuts de son travail en tant que travailleuse sociale. La maison se destinait alors aux travailleurs du sexe juifs et protestants car, comme elle l’écrivit, « la seule aide qui est fournie aux filles d’ici provient de l’Église catholique ». Si la mission de Pinzer répondait à un besoin dans la communauté de l’époque, le nombre de personnes juives qui travaillaient dans le milieu de la prostitution à Montréal était beaucoup moins élevé que dans des villes telles New York et Buenos Aires.

Par Sarah Woolf. Traduit par Chantal Ringuet.

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Arthur and Elizabeth Schlesinger Library on the History of Women in America - Maimie Pinzer

Sources

Kinkead, J. « The Maimie Papers: Letters from an Ex-Prostitute, by Maimie Pinzer.» Rocky Mountain Review of Language and Literature 52.2, 1997, p. 54-55.

Lévesque, Andrée. « Éteindre le Red Light: les réformateurs et la prostitution à Montréal entre 1865 et 1925.» Revue d'histoire urbaine 17.3, 1989, p. 191-201.

Lévesque, Andrée, and Yvonne M. Klein. Making and Breaking the Rules: Women in Quebec,1919-1939. Toronto, University of Toronto, 2010.

« Pinzer, Maimie, 1885-1940. Papers, 1910-1922: A Finding Aid.» Arthur and Elizabeth Schlesinger Library on the History of Women in America. Radcliffe College, Harvard University Library, 1971.

Pinzer, Maimie, and Fanny Quincy Howe. The Maimie Papers dans Ruth Rosen et Sue Davidson (dir.), Old Westbury, NY: Feminist, 1977.

Rothman, S. « The Limits of Sisterhood.» Reviews in American History 7.1, 1979, p. 92-97.

*Les images sont une gracieuseté de la Schlesinger Library on the History of Women in America, Radcliffe Institute, Harvard University A166-34-.1

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